Nom. Lucius Aelius Aurelius Commodus.
Naissance. Il naît le 31 août 161, à Lanuvium, l’année même où son père monte sur le trône impérial.
Père. L’empereur Marc Aurèle.
Mère. L’impératrice Annia Galeria Faustina Junior.
Portrait. Enfant, Commode, bien que costaud physiquement, est un faible, un timide, un indolent, un enfant gâté. Adulte, quand bien même il ne se plaît qu’en la compagnie des gladiateurs, il n’est pas le tigre assoiffé de sang que décrivent les biographes anciens. Sa grossièreté, son ivrognerie, ses débauches, sa brutalité ne sont peut-être qu’une réaction face à la moralité pesante de son père.
Mariage. En 177, Marc Aurèle lui donne pour épouse Bruttia Crispina, une fille de consulaire proche de la famille impériale depuis le règne d’Hadrien. Elle meurt, vers 183, exilée, exécutée.
Cursus. Le 7 juillet 175, le jour même où neuf cents ans plus tôt, selon la tradition, Romulus disparaissait aux yeux des hommes et devenait un dieu, Commode reçoit le titre de César et la toge virile, à Sirmium, en Pannonie inférieure où son père se bat contre les Marcomans. Le choix de cette date n’est pas innocent. Elle signifie ni plus ni moins que Marc Aurèle fait de son fils son héritier. C’est qu’au même moment, en avril-mai, un de ses généraux, Avidius Cassius, gouverneur des provinces de l’Orient, le croyant mort, se proclame empereur.
Il investit encore son fils d’autres titres et d’honneurs. C’est ainsi que, l’année suivante, en 176, il le nomme consul alors que cette charge ne peut s’exercer avant l’âge de trente-trois ans.
Le 23 décembre, il l’associe à la célébration de son triomphe sur les Germains.
Plus encore, le 1 janvier 177, il le nomme co-empereur et le présente à l’armée qui l’acclame.
Les monnaies qui sont frappées ces années-là portent comme devise Hilaritas, que l’on peut traduire par « ardeur de vivre ». La jeunesse de Commode et son ardeur sont le gage d’un renouveau de l’empire.
Dies imperii : 1 janvier 177.
Règne. Le 3 août 178, Marc Aurèle et Commode partent pour la Germanie. Durant cette nouvelle campagne militaire, Marc Aurèle est frappé, semble-t-il, par la peste et meurt le 17 mars 180. A son état-major qui lui demande à qui il confie son fils, il répond: « A vous, s’il en est digne, et aux dieux immortels« . Commode est reconnu sans difficulté comme seul empereur. il poursuit la campagne militaire de son père, si bien qu’en 180, il peut signer une paix victorieuse avec les Quades et les Marcomans et retourner, en octobre de cette année-là, à Rome.
Alors que tout le monde espère que ce jeune empereur de dix-neuf ans suivra les traces et l’exemple de son père, une tentative d’assassinat fait chavirer ce règne dans l’horreur.
Lucilla, la veuve de Lucius Verus, le premier coempereur de Marc Aurèle, ne supportant pas d’être reléguée au second rang, derrière Bruttia Crispina, la nouvelle impératrice régnante, monte un complot contre Commode avec l’aide de quelques sénateurs, complot auquel il échappe de peu. Un de ses parents, le jeune Quintus Pompeianus tente de le poignarder. Déportée à Capri, Lucilla y meurt, exécutée.
Voyant des ennemis partout prêts à l’assassiner, Commode croit les neutraliser en faisant régner à Rome la terreur et en encourageant la délation. Il poursuit le Sénat d’une haine implacable et frappe les amis de son père que celui-ci lui avait laissés pour le conseiller.
Privé de leur soutien, de 182 à 185, Commode abandonne le pouvoir entre les mains du préfet du prétoire Tigidius, qui, pour mieux gouverner seul, flatte son penchant pour la paresse et la débauche. Mais sa politique trop personnelle cause sa mort. Il est mis en pièces par ses soldats.
De 185 à 189, Commode confie le pouvoir à un ancien esclave promu chevalier, Cléandre. Pour mieux s’enrichir, celui-ci vend les magistratures. On compte vingt-cinq consuls pour la seule année 189. Il fait exécuter ou contraint au suicide de grands personnages. Mais sa politique de terreur lui vaut aussi la mort. Commode doit le faire exécuter pour apaiser les Romains affamés et révoltés.
De 190 à 192, Commode présente de plus en plus des signes de démence. Il s’identifie à Hercule. La cour, aux mains de ses favoris et de ses maîtresses, n’est plus qu’intrigues, complots, meurtres.
Si Commode répand le sang et la mort dans Rome, l’empire n’a pas à souffrir de sa folie. L’administration fonctionne. Les centres de décisions dans les provinces décident. La paix règne dans l’empire. Les extravagances de Commode ne mettent pas en péril les finances publiques. Passionné de religions orientales, il ignore superbement les chrétiens qui ne subissent aucune persécution, contrairement au temps de Marc Aurèle. Il renforce systématiquement le limes rhénan, rhétique et danubien.
Le règne de Commode est, quoi qu’en aient dit ses biographes, mal connu. A bien examiner leurs accusations, ils ne font que reprendre la liste des tares d’un Caligula, d’un Néron, d’un Domitien. Et si Commode se conduit avec la rage sanguinaire qu’on lui prête, pourquoi un empereur aussi solide que Septime Sévère se déclare-t-il son frère ?
Sa mort marque la fin d’une dynastie, celle des Antonins, ainsi que la fin d’une époque de paix relative, la Pax romana, et elle ouvre une période de crise aussi bien politique qu’économique.
Commode meurt, empoisonné et étranglé dans son bain par son esclave Narcisse, un athlète. Ce dernier complot est commandité par trois de ses futures victimes, les deux consuls désignés pour le 1er janvier 193, dont il veut couper la tête, et Marcia, sa maîtresse favorite. Tous trois le prennent de vitesse. Le 31 décembre 192, Marcia réussit à lui servir une boisson empoisonnée. Mais il la rejette. Alors Narcisse l’étrangle.
Source : » Les empereurs Romains – 27 av. J.-C. – 476 ap. J.-C. » – François ZOSSO – Christian ZINGG.