LUCIUS VERUS

Nom. Lucius Ceionius Commodus. Lors de son adoption par Antonin, il prend le nom de Lucius Aelius Aurelius Commodus. En 161, élevé à la dignité impériale, il prend le nom de Verus.

Naissance. 15 décembre 130.

Famille. Il descend d’une famille sénatoriale, originaire d’Etrurie, de Faenza peut-être.

Père. L. Ceionius Commodus. Il reçoit le nom de L. Aelius Caesar lorsque l’empereur Hadrien l’adopte en décembre 136, à la surprise générale. Joyeux luron, il répond à sa femme qui lui reproche ses infidélités : « Laisse-moi me livrer à mes envies avec d’autres femmes : au nom d’épouse s’attache la dignité, non le plaisir« .

Mère. Selon toute vraisemblance, elle doit être une fille de Caius Avidius Nigrinus (Caius Avidius Nigrinus épouse, en premières noces, une dame X, qui lui donne une fille, la mère de Lucius Verus. Il épouse, en secondes noces, Plautia qui met au monde un fils L. Ceionius Commodus. Selon toute vraisemblance, le père de cet enfant ne serait pas Nigrinus, mais l’empereur Hadrien). Elle donne naissance à trois enfants dont Lucius Verus et Fabia qui, un temps, est fiancée à Marc Aurèle.

Portrait. Il est difficile à tracer, car il fait l’objet de jugements sévères de la part des historiens anciens qui le rangent parmi les empereurs maudits, indignes de régner. A l’évidence, s’ils le chargent à ce point, c’est pour mieux faire ressortir les qualités et les vertus de Marc Aurèle. Ce qui est certain, c’est qu’au moment où il prend place sur le trône impérial aux côtés de Marc Aurèle, c’est un homme d’une trentaine d’années, beau comme un dieu, séduisant, plein d’ardeur, de chaleur, qui aime plaisanter, jouer, profiter de la vie et des plaisirs qu’elle offre, et qui doit mal supporter l’atmosphère sérieuse, austère et quelque peu étouffante du palais impérial.

Mariage. Pour sceller leur collaboration, Marc Aurèle, en 161, fiance Lucius Verus à sa fille Annia Lucilla, alors âgée de treize ans. En 164, Marc Aurèle pense qu’il est temps pour les deux jeunes gens de convoler en justes noces. Lucius Verus est en Syrie. Il combat les Parthes. Sa mission ne l’empêche pas de mener grande vie. La liaison qu’il affiche avec une femme originaire de Smyrne pousse Marc Aurèle à lui envoyer Lucilla. Il ne semble pas que des enfants naissent de ce mariage.

Cursus. Adopté à l’âge de sept ans par Antonin, sur l’ordre d’Hadrien, Lucius Verus reçoit la même éducation que Marc Aurèle, mais il n’en tire pas les mêmes profits. Ce n’est qu’en 154 qu’il exerce pour la première fois une magistrature. Il devient questeur. Jusqu’alors il est considéré comme un simple particulier, malgré son adoption par Antonin. Marc Aurèle, au contraire, apparaît déjà comme le successeur désigné. Et cela contre la volonté première d’Hadrien, semble-t-il. Celui-ci voulait favoriser son petit-fils, Lucius Verus. Antonin donne la préférence au plus capable.

Dies imperii : 7 mars 161.

Règne. A la mort d’Antonin le Pieux, Marc Aurèle, l’empereur désigné, demande au Sénat d’associer, en qualité d’Auguste et non de César, Lucius Verus au pouvoir suprême. Marc Aurèle ne garde que le grand pontificat qui ne peut être partagé. Cette demande sans précédent est agréée par les sénateurs et bien accueillie par le peuple.
Une crue du Tibre ayant provoqué à Rome, en mars ou avril 161, d’énormes dégâts, les deux princes prennent toute une série de mesures pour venir en aide aux victimes si bien que tous deux se taillent une popularité immense.
Dans la conduite des affaires, Lucius Verus se charge des relations avec l’armée. C’est donc lui qui part, au printemps 162, en Syrie, lutter contre les Parthes qui ont envahi l’empire du côté de la Cappadoce et de l’Arménie. Sur place, il restaure la discipline, redresse le moral des troupes et remet en marche la machine de guerre. Il est entouré d’un état-major de grande valeur. Il peut ainsi rétablir la situation en Arménie et mettre sur pied une contre-attaque d’envergure.
Au printemps 163, l’armée romaine est prête. Elle pénètre, en Mésopotamie, en pays Parthe, met à sac, vers la fin 165, Séleucie et Ctésiphon, les deux plus importantes villes du royaume. Au printemps 166 (?), une offensive est lancée contre la Médie, royaume situé entre l’Arménie et la mer Caspienne. Mais frappée par la famine, l’armée romaine doit se replier sur sa frontière. Cette guerre contre les Parthes se termine donc par une demi-victoire.
Fin août 166, Lucius Verus est de retour à Rome. Le 12 octobre, il célèbre avec Marc Aurèle leur « triomphe » sur les Parthes. Mais les deux empereurs n’ont guère le temps de savourer leur victoire. A la fin de 166 ou au début de 167, six mille Langobards franchissent le Danube, pénètrent en Pannonie supérieure, obligeant Marc Aurèle et Lucius Verus à intervenir dans cette région. Au printemps 168, tous deux se mettent en route pour le Nord. Sur le Danube, ils ont à leur disposition neuf légions, plus quatre autres sur le Rhin et deux en Dacie, dans ces terres conquises au-delà du Danube.
Les deux empereurs passent l’hiver de 168 à 169, à leur quartier général d’Aquilée (Cette ville se trouve aujourd’hui dans la province d’Udine, près de Trieste) prenant toutes les dispositions nécessaires pour défendre le nord de l’Italie et la côte dalmate.
On ne sait pour quelle raison, Lucius Verus insiste auprès de Marc Aurèle pour qu’il renonce à son offensive contre ces barbares. Celui-ci refuse de l’entendre, mais l’invite à retourner à Rome. En février (?) 169, Marc Aurèle l’accompagne même un bout de chemin. Lorsqu’ils parviennent à Altinum, à l’embouchure du Piave, Lucius Verus tombe malade, frappé d’une attaque d’apoplexie. Il reste trois jours sans pouvoir prononcer une parole avant de mourir.

Dixit
A-t-il la prémonition de la disparition précoce de son fils adoptif ? Hadrien aurait dit, en effet, un jour, en parlant de Lucius Verus : « C’est un futur dieu que j’ai adopté et non un fils« .

Sources : Histoire Auguste : Aelius.

Source :  » Les empereurs Romains – 27 av. J.-C. – 476 ap. J.-C.  » – François ZOSSO – Christian ZINGG.

DOMITIEN

Nom. Titus Flavius Domitianus.

Naissance. 24 octobre 51.

Père. L’empereur Vespasien.

Mère. Flavia Domitilla.

Portrait. « Domitien avait la taille haute, un visage modeste et rougissant, de grands yeux, mais une vue assez faible ; de plus il était beau, bien proportionné, surtout pendant sa jeunesse, et dans toute sa personne, si ce n ‘est qu ‘il avait les doigts de pied trop courts ; plus tard, il fut enlaidi par la chute des cheveux, par son obésité, et par la maigreur de ses jambes, qui s’était encore accrue à la suite d’une longue maladie…
Ennemi de toute fatigue, il ne se promena presque jamais a pied dans Rome ; en expédition et en marche, il alla très rarement à cheval, mais habituellement en litière.  »
Son entourage ne se fait pas faute de ridiculiser ses travers. « Dans son domaine d’Albano il passait la plus grande partie de son temps a une foule de passe-temps ridicules, comme de percer des mouches avec un stylet »
(Dion Cassius). « Cette manie est à l’origine d’une foule de plaisanteries : par exemple, a un visiteur qui demandait s’il y avait quelqu’un au palais, on répondait : pas même une mouche » (Aurelius Victor).
Cependant Domitien n’est pas un homme médiocre. Il possède de solides qualités : intelligence, acharnement au travail, sens des affaires, sens de l’organisation, vision aiguë des nécessités du moment. Mais il possède aussi quelques défauts tenaces. Alors que Titus, son frère, réussit à gommer les siens en montant sur le trône, Domitien, lui, au contraire, les aggrave, au point de tomber malade de son orgueil, de sa méfiance, de son égoi’sme, de sa jalousie, de sa cruauté. A la fin de sa vie, il fait plaquer les parois de son palais de miroirs lui permettant de voir tout ce qui se passe autour et derrière lui pour parer à un éventuel attentat.

Formation. Alors que son père mise tout sur Titus en lui donnant la meilleure éducation possible, il ne donne à Domitien qu’une formation très sommaire. Si celui-ci reçoit tous les honneurs dus à son rang, son caractère brouillon et rancunier ne plaît pas à son père qui l’écarté de la conduite des affaires. On ne lui fait donc faire aucun apprentissage ni de l’administration, ni de l’armée. C’est « sur le tas » qu’il apprend son métier d’empereur.

Mariage. Il épouse Domitia Longina, la fille du général Corbulon dont les succès militaires suscitent la jalousie de Néron. Celui-ci ordonne sa mort. Corbulon devance son assassinat en se suicidant. Ecrivain à ses heures, ses mémoires servent de sources à Tacite. Domitia Longina lui donne, en 73, un premier fils, Vespasien, qui meurt jeune.
Il la chasse ensuite pour inconduite, la reprend et lui fait, en 90, un second fils qu’il appelle de nouveau Vespasien. Ce deuxième enfant meurt jeune, lui aussi, à l’âge de cinq ans.

Cursus. Domitien se trouve à Rome en décembre 69, lors de la prise de la ville par l’allié de son père, Antonius Primus. Durant la bataille de rues que les soldats de ce général doivent mener pour éliminer les partisans de Vitellius, il manque de peu d’être brûlé vif dans l’incendie du Capitole.
Une fois la ville conquise, Vespasien lui demande de le représenter à Rome, mais Domitien profite de la situation pour mener la plus joyeuse des vies de débauche. C’est une des raisons qui pousse Vespasien à confier à son autre fils Titus le soin de terminer la guerre de Judée et à prendre le plus rapidement possible le chemin de Rome.

Dies imperii : 14 septembre 81 ap. J.-C.

Règne. Ce n’est que le lendemain de la mort de son frère Titus, survenue le 13 septembre 81, que le Sénat lui confie tous les pouvoirs impériaux. Il est alors âgé de trente ans.
Son père Vespasien avait fait du retour au principat le fondement même de son gouvernement, Domitien, lui, développe un régime de plus en plus absolu et centralisé. Il n’est donc pas étonnant qu’il s’attire une haine farouche du Sénat et de la classe politique exclue du pouvoir.
Pour gouverner, il s’appuie avant tout :
– sur l’armée dont il s’attache la fidélité, en augmentant la solde des légionnaires de deux cent vingt-cinq à trois cents deniers annuels ;
– sur la classe des chevaliers qui domine le monde des affaires et de la finance. Il lui confie l’administration de l’empire ;
– sur le peuple, en multipliant les fêtes et en procédant à de nombreuses distributions d’argent et de nourriture.
Ces mesures le rendent bien entendu très populaire dans les armées, la garde prétorienne, les provinces dont il surveille très étroitement la gestion et la plèbe de Rome. Mais en se donnant le titre officiel de « Dominus et Deus », il pousse les Juifs et les chrétiens dans l’opposition.
De 81 à 89, cette opposition politique et religieuse se tient dans l’expectative, avec une poussée de fièvre cependant en 83, année durant laquelle Domitien doit faire face à plusieurs complots.
Dès 93, le Sénat et les intellectuels engagent l’épreuve de force. Domitien réagit brutalement par des exécutions, des expulsions et une persécution sanglante qui frappe tous azimuts, aussi bien les sénateurs que les chrétiens ou les Juifs.
Sur les frontières, sa politique s’inspire de deux principes complémentaires. Renforcer militairement leur défense et mener une politique active auprès des peuples qui vivent le long du limes, soit en leur faisant la guerre, soit en établissant sur eux un protectorat. Il obtient de bons résultats en Bretagne et sur le Rhin. En Orient, il parvient à maintenir la paix avec les Parthes. Par contre, sur le Danube, il subit quatre défaites contre les Daces et perd deux légions. Il doit traiter en position de faiblesse.
Le régime de terreur auquel Domitien soumet la capitale depuis 93, ne cesse de soulever de nouvelles haines contre lui. Même les membres de sa propre famille ne se sentent plus en sûreté. Le 18 septembre 96, un complot fomenté par sa propre femme, les deux préfets du prétoire, des intimes du palais et des sénateurs, qui, tous, craignent pour leur vie, réussit. Domitien est poignardé, à la cinquième heure, au cours d’une audience, non sans qu’il se défende désespérément.
Avec lui s’éteint la dynastie flavienne.
Comme pour l’empereur Néron, les biographes brossent un portrait de Domitien très contrasté. Beaucoup ne retiennent que les trois dernières années de son règne qui sont les plus sanglantes. Pline le Jeune et Tacite, qui appartiennent au monde sénatorial, noircissent à plaisir son portrait. Ils le dépeignent comme un personnage au caractère difficile, vaniteux, méfiant, ne supportant pas la comparaison avec son frère Titus. D’autres comme Stace et Martial s’arrêtent avant tout sur les côtés positifs de son règne. Suétone tient peut-être le juste milieu en soulignant son sens du devoir, son souci d’administrer au mieux les provinces, ses innovations, mais aussi en relevant la trajectoire suivie par cet empereur qui, de premier citoyen de l’Etat se transforme peu à peu en un monarque absolu, tyrannique, cruel et cupide.

Dixit. S’il n’hésite pas à condamner trois Vestales à être enterrées vives pour avoir manqué à leur voeu de chasteté, s’il renouvelle la loi Julia sur l’adultère et le concubinat et la fait appliquer strictement, lui n’hésite pas à séduire et à engrosser sa nièce Julia, alors qu’elle est mariée, et à s’entourer de concubines et de courtisanes de tout acabit. « D’une lubricité excessive, il considérait les plaisirs de l’amour comme une sorte d’exercice journalier, qu’il appelait gymnastique du lit » (Suétone).

Sources.
Suétone, Vies des douze Césars, VIII.
Dion Cassius, Histoire romaine, LVI.
Aurelius Victor, Livre des Césars, XI.

Source. » Les empereurs Romains – 27 av. J.-C. – 476 ap. J.-C.  » – François ZOSSO – Christian ZINGG.

MAXENCE

Nom. Marcus Aurelius Valerius Maxentius.

Naissance. Vers 283.

Père. L’empereur Maximien.

Mère. L’impératrice Eutropia.

Portrait. Maxence est petit de taille, les cheveux épais, ramenés en franges sur le front. Il porte la barbe et les moustaches tombantes sous un nez épais. On le dit encore sans prestance et sans qualités militaires aucunes. Ses biographes sont intarissables dans leurs critiques. « C’était un homme sauvage, cruel, que ses débauches sans frein rendaient encore plus odieux. En plus de cela, lâche, impropre à la guerre et honteusement enclin à la paresse, au point que, lorsque la guerre fit rage en Italie et que les siens eurent été vaincus près de Vérone, il ne sortit en rien de son apathie habituelle et ne fut pas même ému par la mort de son père. »

Mariage. Il épouse Valeria Maximilla, fille de l’empereur Galère, qui lui donne deux fils. Il espère voir son aîné Romulus lui succéder. Mais celui-ci meurt en 309. Quant au cadet, Constantin I ordonne de le mettre à mort après sa victoire, en 312, sur son père.

Cursus. Maxence vit en simple particulier à Rome.

Dies imperii : 28 octobre 306.

Règne. Lors de l’abdication de Dioclétien et de son père Maximien, en 305, Maxence espère être nommé César avec Constantin. Sa déception est grande lorsque le choix se porte sur Sévère et Maximin Daia, deux créatures du nouvel Auguste d’Orient, Galère. Il tente sa chance le 28 octobre 306, en soudoyant les prétoriens qui le proclament empereur.
Depuis le règne de Dioclétien, Rome n’est plus la capitale incontestée de l’empire. Les prétoriens qui conservent la nostalgie du temps pas très lointain où ils faisaient et défaisaient les empereurs, n’acceptent toujours pas d’avoir perdu ce pouvoir. De plus, des bruits courent que l’empereur Sévère II veut dissoudre leur corps. Ils se révoltent donc. Ils sont rejoints dans leur rébellion par la population de la ville qui apprend que Sévère II a reçu l’ordre de Galère de lever des impôts à Rome. Crime impardonnable ! Maxence se saisit de ces mécontentements comme tremplin pour accéder au pouvoir. Prétoriens et Romains répondent avec enthousiasme aux avances et… à l’argent du fils de leur ancien empereur.
Maxence n’ose cependant pas prendre le titre d’Auguste. Il se contente de celui de Princeps. Mais en 307, il ne résiste pas. Il se fait appeler Auguste. Ses rivaux le déclarent, bien entendu, usurpateur, à l’exception de son père qui le soutient à fond. Mais, bien que mis au ban de l’empire, Maxence est assez puissant pour étendre son autorité sur toute l’Italie et l’Afrique. En cette même année 307, il ajoute encore l’Espagne à son domaine après la capture et l’assassinat de Sévère II.
Au printemps 308 pourtant, l’Afrique le lâche, lorsque son gouverneur Domitius Alexander, un Phrygien, craintif pourtant, sans audace, hésitant devant tout effort et de plus très âgé, usurpe, lui aussi, sous la pression de ses soldats, le titre d’Auguste. L’Espagne, elle, lui reste fidèle jusqu’en 310 où elle passe dans le camp de Constantin I. Ces défections portent un coup dur à Maxence, car ces provinces assurent l’essentiel de l’approvisionnement de Rome. Maxence envoie alors son préfet du prétoire Rufius Volusianus reconquérir la province de l’Afrique, riche en céréales. C’est chose faite en 310 si l’on accepte le témoignage des monnaies, en 311 si l’on suit l’opinion la plus communément admise. Domitius Alexander est tué et Carthage pillée.
Mais cette campagne victorieuse ne doit pas faire illusion sur les qualités de stratège de Maxence. Lorsqu’en 312, Constantin I l’attaque, son incapacité militaire cause sa perte.
Par contre, il montre de réelles qualités dans l’administration de ses Etats. Malgré la précarité de sa situation, il entreprend à Rome de grands travaux. En bordure de la Voie Sacrée, il fait bâtir une vaste basilique que Constantin achèvera. Il restaure le temple de Vénus. Près de la Via Appia, il bâtit un cirque long de quatre cent quatre-vingt-deux mètres, large de soixante-dix-neuf et qui peut accueillir dix-huit mille spectateurs. Il habite une villa à proximité de ce cirque. Il prend aussi un soin tout particulier à l’entretien du réseau routier. Au contraire de ses rivaux, il ne prend aucune mesure contre les chrétiens. Il les laisse célébrer leur culte librement.
Mais dès 309, sa popularité décline. Les sénateurs se plaignent de la fiscalité trop lourde qu’il fait peser sur eux pour financer ses grands travaux. Le peuple commence lui aussi de murmurer. Les défections de l’Afrique et de l’Espagne provoquent une disette. Le blé n’arrive plus à Rome. Lors de l’incendie d’un temple de la Fortune, une bagarre éclate entre la plèbe et les prétoriens, bagarre au cours de laquelle six mille personnes trouvent la mort. Ce drame lui aliène définitivement la sympathie de tous ses sujets.
Après lui avoir ravi l’Espagne, Constantin I décide, en 312, de lui enlever le reste de ses possessions. Maxence commande une armée impressionnante. On avance le chiffre de cent mille hommes. Mais, composée de soldats de Maximien demeurés fidèles à son fils, de prétoriens plus habitués aux batailles de rue qu’aux batailles rangées sur le terrain et de contingents levés précipitamment en Italie et en Afrique, cette armée n’est guère solide. La petite armée de Constantin I, au contraire, est formée de soldats aguerris.
Celui-ci mène tambour battant sa campagne. Il passe les Alpes par le col du mont Genèvre. Deux victoires, l’une à Turin, l’autre à Brescia, lui permettent de se rendre maître de l’Italie du Nord.
Alors que Constantin I dirige personnellement son armée, Maxence, très superstitieux, n’ose sortir de Rome, un oracle l’ayant averti que s’il quittait la capitale, il périrait. Il préfère rester enfermer dans Rome où il se croit en sécurité. L’armée de son rival ne paraît pas de taille à prendre la ville et encore moins à mener un long siège. Mais comme les Livres sibyllins qu’il a fait consulter lui prédisent que « l’ennemi des Romains allait périr », il se décide finalement de sortir de la ville et de marcher contre Constantin I, « l’ennemi des Romains », sûr de remporter la victoire.
La rencontre a lieu le 28 octobre 312, sur la Via Flaminia, en avant du pont de Milvius, doublé, pour la circonstance, d’un pont de bateaux sur le Tibre. Le premier choc fait plier l’armée de Maxence. Seuls les prétoriens tiennent bon jusqu’à ce qu’ils se fassent massacrer sur place. La seconde charge, menée par Constantin I lui-même à la tête de sa cavalerie, accule l’armée de Maxence au Tibre. Le pont de bateaux se rompt sous le poids des fuyards. Beaucoup se noient. Parmi les victimes, Maxence. La défaite est totale. Le corps de Maxence est retrouvé le lendemain. Sa tête découpée est ramenée à Rome au bout d’une lance au milieu des vivats du petit peuple las de sa tyrannie.
Le 29 octobre, Constantin I entre, en triomphateur, à Rome. Il abolit tous les actes de Maxence, fait mettre à mort son fils cadet, ses amis, ses partisans et licencie les cohortes prétoriennes.
A la tête de l’empire, il ne reste, dès lors, que trois Augustes : Maximin Daia, Licinius et Constantin I.

Dixit : Alors que Maxence n’ose sortir de Rome pour affronter Constantin I, le peuple, lors d’un spectacle au Cirque, le siffle copieusement et lui lance : « Hé quoi ! Constantin est-il invincible ? » (Lactance, De la Mort des persécuteurs, XLIV).

Sources : Aurelius Victor, Livre des Césars, XL, 20.

Source :  » Les empereurs Romains – 27 av. J.-C. – 476 ap. J.-C.  » – François ZOSSO – Christian ZINGG.

NERVA

Nom. Marcus Cocceius Nerva.

Naissance. 8 novembre de l’an 30, à Narnia en Ombrie.

Famille. Il descend d’une famille de la vieille noblesse républicaine, entrée au Sénat sous Auguste.

Portrait. Juriste, juge apprécié, on le dit honnête, modeste malgré son immense fortune, effacé, sans grande ambition et d’une santé plus que fragile. Il vomit presque tous les aliments qu’il ingurgite.

Mariage. On ignore s’il se marie, mais on sait qu’il n’a pas d’enfants.

Cursus. Prêtre salien, questeur, préteur sous Néron, consul, en 71, sous Vespasien et, en 90, sous Domitien, il s’exile volontairement à Tarente, en 93, sous le règne de ce dernier empereur. Il ne tient pas à vivre près de quelqu’un qu’il ne supporte pas.

Dies imperii : (16) ou 18 septembre 96.

Règne. Avant d’éliminer Domitien, les conjurés s’assurent auprès de Nerva de son acceptation de la pourpre impériale. A leurs yeux, ce sénateur de soixante-six ans fera un excellent empereur de transition.
Le soir même de l’assassinat de Domitien, le Sénat ratifie ce choix qui se révèle hautement positif pour l’empire. « Nerva réunit pour la première fois deux choses inconciliables, le Principat et la liberté (Tacite, Vie d’Agricola, III. Ce document est contemporain du règne de Nerva puisqu’il a été écrit en 98). » Il rompt, en effet, avec l’absolutisme et met en bonne voie un nouveau régime, l’empire libéral. Dans l’enthousiasme général, il travaille à restaurer l’autorité du Sénat, à remettre de l’ordre dans la bureaucratie, à imposer des économies pour remettre à flot le budget de l’Etat et à alléger les impôts sur les successions. De même, il s’efforce de gérer le plus sérieusement possible les provinces.
Mais une grave menace vient compromettre ce bel élan. Il n’est pas un militaire. Or pour les prétoriens et l’armée, un empereur qui n’est pas un militaire n’est pas un empereur digne de ce nom. A l’annonce de son élévation au trône impérial, des mouvements d’agitation se manifestent aux frontières. Sur le Rhin, la légion XXI Rapax se mutine et brûle Strasbourg; sur le Danube, la légion VII Claudia s’agite; de Syrie, on apprend une tentative de sécession et à Rome, les prétoriens qui tenaient pour Domitien se font menaçants. Durant une année, l’empire vit une crise analogue à celle qui l’a durement secoué après la mort de Néron, en 68 – 69. Nous sommes mal renseignés sur ce qui se passe précisément. Mais il semble bien que Nerva se trouve rapidement débordé et neutralisé par les militaires. Un pronunciamiento se profile à l’horizon.
Pour éviter un coup d’Etat, Nerva cherche à gagner du temps en livrant à la vengeance des prétoriens leur préfet, T. Petronius Secundus, et le chambellan Parthenius qui ont participé au meurtre de Domitien. Puis, le 28 octobre 97, à la surprise générale, il sauve sa tête, son trône… et l’empire en annonçant qu’il adopte comme successeur le légat de Germanie supérieure, M. Ulpius Traianus (Trajan). C’est un général de valeur que ni les prétoriens, ni les légions ne peuvent contester. Et ils s’en gardent bien! Trajan commande l’armée la plus puissante de l’empire. Le soir même, le Sénat confirme sa nomination. Par ce choix, Nerva instaure une nouvelle règle de succession. A l’adoption du meilleur au sein de la même famille prônée par Auguste, mais déconsidérée par Tibère, Caligula, Claude et Néron, et à l’hérédité directe prônée par Vespasien et déconsidérée par Domitien dans les dernières années de son règne, Nerva prône l’adoption du meilleur dans l’empire.
Le 25 janvier 98, Nerva meurt de mort naturelle après avoir joué parfaitement le rôle qu’on lui avait demandé de tenir: être un empereur de transition.
Mais une question demeure encore aujourd’hui sans réponse. Le choix de Trajan a-t-il été volontaire ou a-t-il été imposé par l’armée?

Source :  » Les empereurs Romains – 27 av. J.-C. – 476 ap. J.-C.  » – François ZOSSO – Christian ZINGG.

COMMODE

Nom. Lucius Aelius Aurelius Commodus.

Naissance. Il naît le 31 août 161, à Lanuvium, l’année même où son père monte sur le trône impérial.

Père. L’empereur Marc Aurèle.

Mère. L’impératrice Annia Galeria Faustina Junior.

Portrait. Enfant, Commode, bien que costaud physiquement, est un faible, un timide, un indolent, un enfant gâté. Adulte, quand bien même il ne se plaît qu’en la compagnie des gladiateurs, il n’est pas le tigre assoiffé de sang que décrivent les biographes anciens. Sa grossièreté, son ivrognerie, ses débauches, sa brutalité ne sont peut-être qu’une réaction face à la moralité pesante de son père.

Mariage. En 177, Marc Aurèle lui donne pour épouse Bruttia Crispina, une fille de consulaire proche de la famille impériale depuis le règne d’Hadrien. Elle meurt, vers 183, exilée, exécutée.

Cursus. Le 7 juillet 175, le jour même où neuf cents ans plus tôt, selon la tradition, Romulus disparaissait aux yeux des hommes et devenait un dieu, Commode reçoit le titre de César et la toge virile, à Sirmium, en Pannonie inférieure où son père se bat contre les Marcomans. Le choix de cette date n’est pas innocent. Elle signifie ni plus ni moins que Marc Aurèle fait de son fils son héritier. C’est qu’au même moment, en avril-mai, un de ses généraux, Avidius Cassius, gouverneur des provinces de l’Orient, le croyant mort, se proclame empereur.
Il investit encore son fils d’autres titres et d’honneurs. C’est ainsi que, l’année suivante, en 176, il le nomme consul alors que cette charge ne peut s’exercer avant l’âge de trente-trois ans.
Le 23 décembre, il l’associe à la célébration de son triomphe sur les Germains.
Plus encore, le 1 janvier 177, il le nomme co-empereur et le présente à l’armée qui l’acclame.
Les monnaies qui sont frappées ces années-là portent comme devise Hilaritas, que l’on peut traduire par « ardeur de vivre ». La jeunesse de Commode et son ardeur sont le gage d’un renouveau de l’empire.

Dies imperii : 1 janvier 177.

Règne. Le 3 août 178, Marc Aurèle et Commode partent pour la Germanie. Durant cette nouvelle campagne militaire, Marc Aurèle est frappé, semble-t-il, par la peste et meurt le 17 mars 180. A son état-major qui lui demande à qui il confie son fils, il répond: « A vous, s’il en est digne, et aux dieux immortels« . Commode est reconnu sans difficulté comme seul empereur. il poursuit la campagne militaire de son père, si bien qu’en 180, il peut signer une paix victorieuse avec les Quades et les Marcomans et retourner, en octobre de cette année-là, à Rome.
Alors que tout le monde espère que ce jeune empereur de dix-neuf ans suivra les traces et l’exemple de son père, une tentative d’assassinat fait chavirer ce règne dans l’horreur.
Lucilla, la veuve de Lucius Verus, le premier coempereur de Marc Aurèle, ne supportant pas d’être reléguée au second rang, derrière Bruttia Crispina, la nouvelle impératrice régnante, monte un complot contre Commode avec l’aide de quelques sénateurs, complot auquel il échappe de peu. Un de ses parents, le jeune Quintus Pompeianus tente de le poignarder. Déportée à Capri, Lucilla y meurt, exécutée.
Voyant des ennemis partout prêts à l’assassiner, Commode croit les neutraliser en faisant régner à Rome la terreur et en encourageant la délation. Il poursuit le Sénat d’une haine implacable et frappe les amis de son père que celui-ci lui avait laissés pour le conseiller.
Privé de leur soutien, de 182 à 185, Commode abandonne le pouvoir entre les mains du préfet du prétoire Tigidius, qui, pour mieux gouverner seul, flatte son penchant pour la paresse et la débauche. Mais sa politique trop personnelle cause sa mort. Il est mis en pièces par ses soldats.
De 185 à 189, Commode confie le pouvoir à un ancien esclave promu chevalier, Cléandre. Pour mieux s’enrichir, celui-ci vend les magistratures. On compte vingt-cinq consuls pour la seule année 189. Il fait exécuter ou contraint au suicide de grands personnages. Mais sa politique de terreur lui vaut aussi la mort. Commode doit le faire exécuter pour apaiser les Romains affamés et révoltés.
De 190 à 192, Commode présente de plus en plus des signes de démence. Il s’identifie à Hercule. La cour, aux mains de ses favoris et de ses maîtresses, n’est plus qu’intrigues, complots, meurtres.
Si Commode répand le sang et la mort dans Rome, l’empire n’a pas à souffrir de sa folie. L’administration fonctionne. Les centres de décisions dans les provinces décident. La paix règne dans l’empire. Les extravagances de Commode ne mettent pas en péril les finances publiques. Passionné de religions orientales, il ignore superbement les chrétiens qui ne subissent aucune persécution, contrairement au temps de Marc Aurèle. Il renforce systématiquement le limes rhénan, rhétique et danubien.
Le règne de Commode est, quoi qu’en aient dit ses biographes, mal connu. A bien examiner leurs accusations, ils ne font que reprendre la liste des tares d’un Caligula, d’un Néron, d’un Domitien. Et si Commode se conduit avec la rage sanguinaire qu’on lui prête, pourquoi un empereur aussi solide que Septime Sévère se déclare-t-il son frère ?
Sa mort marque la fin d’une dynastie, celle des Antonins, ainsi que la fin d’une époque de paix relative, la Pax romana, et elle ouvre une période de crise aussi bien politique qu’économique.
Commode meurt, empoisonné et étranglé dans son bain par son esclave Narcisse, un athlète. Ce dernier complot est commandité par trois de ses futures victimes, les deux consuls désignés pour le 1er janvier 193, dont il veut couper la tête, et Marcia, sa maîtresse favorite. Tous trois le prennent de vitesse. Le 31 décembre 192, Marcia réussit à lui servir une boisson empoisonnée. Mais il la rejette. Alors Narcisse l’étrangle.

Source :  » Les empereurs Romains – 27 av. J.-C. – 476 ap. J.-C.  » – François ZOSSO – Christian ZINGG.

GORDIEN II

Nom. Marcus Antonius Gordianus.

Naissance. Vers 192.

Père. L’empereur Gordien I.

Mère. L’impératrice Fabia Orestilla.

Portrait. Aimable et amoureux des Belles-Lettres comme son père. Ne possède-t-il pas une bibliothèque personnelle de soixante-deux mille volumes qu’il a rassemblés non pour les faire admirer à ses visites, mais pour se cultiver ?

Mariage. Reste-t-il célibataire ou prend-il vraiment vingt-deux concubines reconnues qui lui donnent chacune trois à quatre enfants ? Les sources ne sont pas assez fiables pour avaliser un tel « exploit ».

Cursus. En 238, Gordien II a rang de consulaire. Il est légat de son père en Afrique.

Dies imperii : 22 mars 238.

Règne. Il est nommé coempereur par son père, le 22 mars 238.
Gordien II est tué au cours de la bataille du 12 avril 238 qu’il soutient contre la IIIème légion Augusta, menée par le légat de Numidie Capellianus, partisan de Maximin I.

Source :  » Les empereurs Romains – 27 av. J.-C. – 476 ap. J.-C.  » – François ZOSSO – Christian ZINGG.

MARCIEN

Nom. Flavius Valerius Marcianus.

Naissance.Vers 396, en Thrace.

Famille. Il semble qu’il soit issu d’une famille pauvre.

Portrait. C’est un général dont l’énergie, le courage, la modestie et la loyauté lui valent d’être nommé tribun, puis sénateur.

Mariage. Nous ne connaissons pas le nom de sa première épouse qui lui donne une fille, Aelia Marcia Euphemia. En 450, il conclut un mariage blanc avec Pulchérie, la soeur de Théodose II, âgée de 51 ans. Celle-ci meurt en 453.

Cursus. Officier, Marcien est, durant dix-neuf ans, l’aide de camp d’Aspar et de son fils Ardaburius, les généraux des armées de Théodose II.
Au mois d’août 450, Pulchérie, qui gouverne seule l’empire d’Orient depuis la mort de son frère Théodose II survenue le 28 juillet 450, vient le tirer de sa retraite.
Pulchérie sait que l’heure n’est pas encore venue pour une femme de régner seule. Durant de longues années, elle a régné par l’intermédiaire de son frère. Il lui faut maintenant régner par l’intermédiaire d’un mari dont elle connaît la foi, la modestie, le courage et la clairvoyance.
Avec l’accord du général des armées, Aspar, et prétendant respecter les dernières volontés de son frère, elle fait proclamer empereur Marcien, le 25 août 450. Et pour que personne ne conteste la légitimité du nouvel empereur, elle le fait couronner par le patriarche de Constantinople Anatole. C’est la première fois qu’un empereur reçoit sa couronne des mains du chef de l’Eglise, marquant ainsi le caractère divin du pouvoir impérial.

Dies imperii : 25 août 450.

Règne. La première mesure importante que prennent Marcien et Pulchérie est de refuser de payer le tribut annuel imposé par Attila à Théodose II, en 449. Attila n’insiste pas. Il a un autre projet en tête. L’attaque de l’empire d’Occident lui semble plus aisée à mener que celle des formidables murs de Constantinople construits en 413 et restaurés en 447.
Pour apaiser les violentes tensions religieuses engendrées par les décisions des deux conciles d’Ephèse de 431 et de 449, Marcien et Pulchérie convoquent pour le 8 octobre 451, à Chalcédoine, un nouveau concile oecuménique. Six cents évêques répondent à l’appel. Ils acclament Marcien comme « un nouveau Constantin, un nouveau Paul, un nouveau David, le flambeau de la foi orthodoxe ». Ils consacrent la doctrine défendue par la papauté de Rome : dans le Christ une seule personne en deux natures, l’une humaine, l’autre divine, condamnant ainsi le monophysisme. Les Eglises copte, syrienne et arménienne qui défendent et enseignent l’unicité de la nature divine dans le Christ, se séparent alors de l’Eglise de Constantinople.
Ce concile consacre aussi la prépondérance du pouvoir impérial sur le pouvoir ecclésiastique en le soumettant à deux de ses exigences:
– le patriarche de Constantinople l’emporte sur le patriarche d’Alexandrie en ce qui concerne la conduite de l’Eglise d’Orient. Cette décision provoque des graves troubles en Egypte.
– le patriarche de Constantinople est traité sur le même pied d’égalité que le pape de Rome. Le pape saint Léon n’acceptera pas ce point de vue révélant ainsi le grave malentendu entre l’Eglise d’Orient et celle d’Occident. L’Eglise d’Occident affirme un principe religieux en soutenant la primauté du pape. L’Eglise d’Orient affirme un principe poli tique en soutenant que le patriarche de Constantinople est l’égal du pape de Rome, parce que Constantinople est « honorée de la présence de l’empereur et du sénat et jouit des mêmes privilèges que l’ancienne ville impériale ». Cette divergence d’appréciation porte en germe le schisme de 1054 entre les deux Eglises.
Alors qu’en Occident, l’Eglise, de moins en moins protégée par un Etat de plus en plus faible, parvient à se débarrasser de ce poids trop pesant et à affirmer son indépendance sous le pontificat de Léon le Grand (440 – 461), en Orient, au contraire, l’Eglise cède et ni laisse gouverner par un empereur tout-puissant.
L’Eglise d’Orient a inscrit l’empereur et son épouse à son calendrier des saints, le 18 février.
Marcien meurt, quatre ans après son épouse, à la suite d’une longue maladie, le 26 janvier 457.

Source :  » Les empereurs Romains – 27 av. J.-C. – 476 ap. J.-C.  » – François ZOSSO – Christian ZINGG.

GLYCERE

Nom. Flavius Glycerius.

Naissance. Date de naissance inconnue.

Famille. ?

Père. ?

Mère. ?

Portrait. ?

Mariage. ?

Cursus. Glycère fait une carrière militaire jusqu’au grade de chef de la garde impériale.
Après la mort d’Olybrius en novembre 472, ni l’empereur d’Orient, ni les deux puissances barbares installées dans l’empire d’Occident, les Vandales de Genséric et les Wisigoths d’Euric, ne se préoccupent de nommer un nouvel empereur.
C’est un jeune prince burgonde, le futur roi Gondebaud que son oncle Ricimer a fait venir de Gaule en Italie pour l’aider à renverser l’empereur Anthème, qui en prend l’initiative.
Après un interrègne de quatre mois, il nomme Glycère empereur.

Dies imperii : 5 mars 473.

Règne. Deux événements marquent son règne d’une année:

Le premier consiste en une menace d’invasion de la part des Ostrogoths. Après avoir épuisé toutes les ressources naturelles de la Pannonie, ces barbares sont à la recherche de nouvelles terres. Ils jettent leur dévolu sur la riche Italie. Cette horde n’est pas bien redoutable. Ces barbares sont en bout de course et leur chef Vidimer tombe malade au moment où ils entrent dans la péninsule. Cependant Glycère, qui n’a aucune troupe pour les arrêter, ne peut faire qu’une chose : négocier et donner à ces envahisseurs assez d’argent pour qu’ils changent de direction, pour qu’ils gagnent la Gaule. Les Ostrogoths acceptent et vont rejoindre les Wisigoths.

Le deuxième événement est celui de sa destitution. Les empereurs d’Orient, Léon I, puis Zénon, refusent de le reconnaître. Zénon décide même de le renverser et de le remplacer par un de ses parents, Julius Nepos, qui gouverne la Dalmatie. Il envoie donc ce dernier à la tête d’une petite armée qui débarque à Ravenne au début de l’année 474.

Glycère prend la fuite et cherche à gagner Rome. Mais le Sénat ne tient pas à prendre parti dans cette petite guerre de succession. Il ferme les portes de la ville. Glycère ne peut donc s’y réfugier. Julius Nepos le rattrape à Porto. II ordonne de tonsurer son prisonnier, c’est-à-dire d’en faire un clerc d’église, et l’envoie en Dalmatie en qualité d’évêque de Salone. Quant à Gondebaud, il n’a d’autre solution que de regagner la Gaule où un autre de ses oncles, Chilperic, le fait roi d’une partie du royaume burgonde.

On ignore la date de la mort de Glycère.

Source :  » Les empereurs Romains – 27 av. J.-C. – 476 ap. J.-C.  » – François ZOSSO – Christian ZINGG.

PHILIPPE II

Nom. Marcus Julius Severus Philippus.

Naissance. Vers 237.

Père. L’empereur Philippe I.

Mère. L’impératrice Marcia Otacilia Severa.

Portrait. Lorsque son père Philippe I le nomme Auguste en 247, c’est un enfant de neuf à dix ans.

Cursus. Son père, lorsqu’il succède à Gordien III, le nomme César en 246, puis Auguste en 247.

Dies imperii : Mai 247.

Règne. Il « règne » au côté de son père jusqu’en 249.
Les sources divergent. Pour les unes, Philippe II meurt avec son père au cours de la bataille de Vérone, pour les autres, il est assassiné dans le camp des prétoriens, à Rome, lorsque ceux-ci apprennent la nouvelle de la mort de Philippe I.

Dixit :
Dion Cassius rapporte cette phrase d’une lettre qu’Aemilien écrit au Sénat: « Je vous laisse le pouvoir souverain, je ne suis que votre général et partout, je combats pour vous ».
Mais aux dires de Zosime « Les soldats qui sont avec lui, constatant qu’il gouverne en général et non en empereur, le font disparaître comme inapte à l’empire. »

Source : Zosime, Histoire nouvelle, I, et Zonaras, Chronique, XII.
Aurelius Victor, Livre des Césars, XXVIII; Epitome des Césars, XXVIII; Eutrope, Abrégé de l’Histoire romaine, IX.

Source :  » Les empereurs Romains – 27 av. J.-C. – 476 ap. J.-C.  » – François ZOSSO – Christian ZINGG.