On trouve, actuellement à la vente, des deniers moulés en billon, de la période du 2ème et 3ème siècle. Voici différents avis concernant ces fausses monnaies d’époque.
La découverte de ces deniers moulés en billon, certainement à partir d’exemplaires officiels, provoque de nombreuses interrogations. Ils ont pour origine, les frontières de l’empire romain, aujourd’hui l’Europe de l’Est.
Ces « imitations » ont-elles servi à pallier un déficit monétaire ? Proviennent-elles d’ateliers clandestins locaux qui alors n’ont pas eu besoin du service de graveurs ? Etaient-elles des « faux officiels » qui servaient à payer la solde des nombreux légionnaires stationnés sur le « limes » ?
Voici l’avis de David Sear :
Aprés un examen minutieux du groupe de deniers moulés du 2eme et 3eme siècle qui m’ont été soumis par M. Plamen Arsoff de Granada Hills en Californie, mon opinion est que ces monnaies sont toutes ou une grande partie d’un trésor de faussaires de la période des Sévères. Des moules de monnaies sont quelquefois trouvés sur des sites archéologiques romano-britanniques (et sans doutes d’autres), notamment de la colonie civile en dehors du fort de Vercovicium (fort romain d’Housesteads) sur le mur d’Hadrien dans le Northumberland; des moules de contrefaçons de deniers ont également été trouvés dans un contexte archéologique, comme sur le sol de la chambre forte du régiment de la fortification Ouest à Coriosopitum (Corbridge), juste au sud du mur d’Hadrien sur Dere Street.
Une remarque du vendeur :
La corrosion présente sur ces monnaies montre clairement qu’elles sont antiques. Elles proviennent des frontières de l’empire romain qui est aujourd’hui l’Europe de l’Est. On s’interroge sur ces deniers de la frontière romaine (Limes), qui sont toujours en attente d’être étudiés sérieusement.
Mon ami David me signale cet article :
Des moules pour des monnaies de l’époque des Sévères ont été retrouvés à Lyon cf. L’ouvrage édité par la bibliothèque nationale « Trésors monétaires IV » publié en 1982, la 1ere partie de Robert TURCAN traite des « moules monétaires du verbe incarné (Lyon) » l’explication donnée : « L’insuffisance de la masse monétaire en circulation ne tenait pas seulement aux carences du pouvoir émetteur, mais a d’autres causes aggravées par la crise du IIIème siècle : hémorragies d’or et d’argent, raréfaction des bonnes espèces qui incitent les gens à thésauriser (amasser de l’argent), blocage d’une partie de la circulation monétaire consécutive a cette thésaurisation. On n’a même plus de mauvaise monnaie officielle en billon pour régler les dépenses élémentaires de la vie quotidienne… Alors les particuliers, mais sans doute aussi les pouvoirs locaux, coulent ou font couler des monnaies qui peuvent au moins satisfaire aux besoins du petit commerce. »
J’ai également traduit ce commentaire relevé sur un forum anglo-saxon :
Ces monnaies sont considérées être des exemplaires frappés soit officiellement ou pseudo-officiellement par nécessité à la périphérie de l’empire. Peut-être étaient-elles utilisées pour payer les soldats qui se trouvaient aux frontières extrêmes de l’empire romain ou peut-être pour soutenir l’économie de régions éloignées du circuit normal de distribution monétaire. Peu importe les raisons, beaucoup de ces pièces existent.
Selon un post-scriptum de Doug Smith dans “Le vocabulaire de la numismatique classique« , beaucoup de monnaies romaines peuvent être classifiées comme « monnaies de nécessité ». Il y a des milliers (peut être des millions ?) de monnaies en bronze de la période des sévères toujours présentes et de statut incertain qui copient des deniers d’argent officiels. Quelques exemples portent encore les traces d’un « sauçage » d’argent très mince. Appelées « Limes denarius » ou deniers des frontières, elles peuvent être un autre exemple des pièces de nécessité. Elles peuvent aussi être officiellement autorisées pour une utilisation dans des régions où les troubles politiques rendent dangereux l’expédition de grandes quantités d’argent. Ces solutions de faible valeur pourraient avoir servi les troupes sur le front et être échangées contre de la monnaie classique quand ils retournaient dans les régions stables.
Le nom “Limes Denarius », bien qu’inapproprié, a été si souvent utilisé qu’il est resté. Là encore, même si nous savons que ces deniers en bronze (AE) sont des copies plus ou moins fidèles de prototypes d’argent, nous savons qu’elles ont été frappées et distribuées dans différents endroits – « nous avons même de nombreux moules et matrices de faussaires « – nous ne comprenons pas le rôle, si il y a eu, qu’elles peuvent avoir joué dans le système monétaire officiel. Sont-elles des copies faites par des semi-romanisés, des gens juste en dehors de la portée de l’empire ? Des gens qui s’étaient habitués à l’usage de la monnaie, mais qui n’ont pas eu accès à des approvisionnements officiels ? Sont-elles une forme de ruse militaire destinée à éviter que de grandes quantités de métal précieux tombent dans des mains ennemies dans le cas d’une défaite – et vraisemblablement remboursables en monnaies classiques à une date ultérieure ? Etaient-elles simplement des contrefaçons ? Ont-elles particulièrement créé des problèmes de dévaluation ? (les moulées sûrement pas), ou ont-elles comblé certaines fonctions encore inconnues ? Elles doivent avoir servie à toutes ces suppositions selon les endroits et les périodes.
Exemplaire de ma collection : « Julia Domna »
J’ai acquis cet exemplaire de : « Septime Sévère » dédié à Carthage.
Ai-je été sensible au fait d’avoir passé de merveilleuses vacances d’été, à Carthage, de 1954 à 1961 ?…mes premières monnaies romaines trouvées datent de cette période passée en Tunisie.
Francis